J'ai tendance à penser que le rêve est la pire forme de procédé narratif. Alors quand c'est utilisé en fin de saison / de série...Cette scène de la table, que ne renierait pas Marc Cherry, est incroyable de lourdeur, avec un Malotru qui développe, en outre, dans cet épisode, les pouvoirs de Jean Grey : téléphatie et rève prémonitoire.

Karlov était véritablement le personnage principal de cette saison. Sur le papier, montrer qu'une des victimes de Malotru trouvait sa vengeance outre-ombe était une belle idée et c'est ça qui aurait dû driver la fin de saison. Une autre possibilité aurait été de donner raison au psy et de montrer que le spectre de la mort s'éloignait de Malotru. Le problème est que la réalisation du plan est incroyablement débile : comment savoir que Nadia allait s'arrêter à cet arrêt ? Il aurait été tellement plus simple pour le tueur d'aller chez la fille dont Karlov avait l'adresse. C'est d'ailleurs ce que j'ai cru pendant tout l'épisode.

La série s'écroule, une nouvelle fois, sur sa crédibilité, dans sa dernière ligne droite. Elle qui, pendant quatre saisons, a été si rigoureuse, si mathématique, jusqu'à en être dépourvu de vie. Cette année, la fiction est venue rattraper le récit, comme une sanction attendue. Comme si, pour conclure le récit de Malotru bigger than life, pour le ramener à la vie et pour tuer la raison première de sa trahison (et donc l'élément déclencheur du show), seule la fiction en avait le pouvoir.

Car en vérité, les histoires d'espions n'ont rien de sexy. Rochant a voulu raconter le bureau derrière la légende, mais finalement, tout ce qui l'a intéressé à la fin de son récit, c'est bel et bien la légende, seule porteuse d'intrigues, de rebondissements, de trahisons et de jeux de pouvoirs. Sans cela, on aurait juste eu une série sur une femme qui, en dépit de ses grandes compétences, devient cheffe du renseignement seulement pour des questions de parité. Alors oui, peut-être qu'au bout du chemin, il faut faire le choix de la fiction.